Bâtiment remarquable à Strasbourg : Un regard sur la maison égyptienne
L’adresse : 10 rue Rapp, 67000 Strasbourg
Le quartier : Neustadt
Si vous circulez à Strasbourg dans le quartier de la Neustadt, nous vous invitons à faire une pause de quelques instants 10 rue Rapp pour contempler ce que nous, strasbourgeois, appelons la maison égyptienne.
Bâtiment d’exception, vous reconnaîtrez la maison égyptienne par sa façade décorée d’une fresque inspirée de l’Égypte ancienne, par les ferronneries de ses balcons rappelant la forme d’une chauve-souris.
L’histoire
À la fin du XIXe siècle, avant de devenir égyptien (et grandiose), le bâtiment situé 10 rue Rapp est une simple boutique de rez-de-chaussée, tenue par l’artisan-tailleur Robert Goeres.
En 1904, Robert Goeres décide de changer de perspective. Il commande la construction d’un immeuble entier. Pour concevoir et mettre en œuvre son projet, il fait appel à François Scheyder, un jeune architecte originaire de Dachstein, « autodidacte s’essayant à l’Art Nouveau » selon les informations retrouvées dans les documents officiels de Strasbourg.
Rapidement, le permis de construire est accepté par les services de la ville. Le projet prévoit 5 étages. Il ne fait aucune référence à l’Égypte ancienne.
La construction démarre en 1905 et la fameuse fresque – qui fera le renom de l’immeuble – apparaît près d’un an plus tard ; comme la touche finale du projet qui s’achève en juillet 1906.
La fresque
Cette œuvre inédite est peinte sur la façade du bâtiment. Elle est réalisée dans la hauteur, du rez-de-chaussée jusqu’au toit, ce qui lui confère un aspect d’autant plus spectaculaire. Elle est le fruit du peintre Adolphe Zilly. Personne ne saurait dire d’où a surgi l’inspiration de l’artiste pour réaliser cette scène de l’Égypte ancienne, représentant un homme et une femme se tenant dans une barque, accompagnés d’un oiseau.
Sur la fresque, les deux personnages égyptiens évoluent dans un paysage de marais. En haut du bâtiment, un second oiseau trône, à l’air royal, les ailes déployées.
L’œuvre a été peinte en 15 jours à peine.
Le bâtiment
Le bâtiment est résolument conçu dans le style Art Nouveau. Outre la fresque, il s’illustre par de nombreux détails que l’on retrouve sur toute la façade, particulièrement aux bas étages : des colonnes ornées de figures géométriques, des pilastres de brique rouge, des dorures, des sculptures… De nombreux garde-corps et décrochements apportent du volume. Les fameuses ferronneries aux aires de chauve-souris constituent la marque de fabrique de l’architecte François Scheyder. On les retrouve à l’identique sur les balcons d’un autre bâtiment qu’il a construit à Strasbourg, entre la rue de Verdun et le boulevard d’Anvers.
Aujourd’hui, la maison égyptienne est un immeuble résidentiel strasbourgeois.
https://www.archi-wiki.org/index.php?curid=50862
L’orientalisme à Strasbourg : une figure d’exception
Même si l’Art Nouveau peut avoir recours à l’exotisme, la fresque de la maison égyptienne fait figure d’exception à Strasbourg. En effet, les références à l’Egypte ancienne – et à l’Orient de manière générale – sont inexistantes dans notre patrimoine architectural… À l’exception d’un sphinx que l’on retrouve en plusieurs endroits de la ville et que vous avez peut-être rencontré au détour d’une promenade à Strasbourg…
Une autre histoire dont nous vous parlerons bientôt…
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Pour aller plus loin … Les biographies
L’architecte François Scheyder
François Scheyder, aussi appelé Franz Scheyder, est né en 1876 à Dachstein. « Menuisier, entrepreneur et architecte » selon ses dires, il est connu pour avoir réalisé des productions considérées comme audacieuses par les professionnels strasbourgeois.
François Scheyder a conçu et réalisé la maison égyptienne (rue Rapp), la façade de l’ancienne droguerie de Schiltigheim (30 rue Principale), un immeuble Art Nouveau situé 2 rue de Mundolsheim, mais aussi une maison située 8 rue Richard Brunck et une autre 8 rue Pantaléon Mury. Il a également fait réaliser un immeuble au 37 rue de Verdun.
Sa « Maison Scheyder » qu’il a conçue et dans laquelle il a vécu, est située 55 rue du Général de Gaulle à Schiltigheim. Elle offre une superposition de styles entre néo-renaissance, néo-roman, néo-baroque et même néo-régionaliste.
François Scheyder décède à Ergersheim en 1949.
Le peintre Adolphe Zilly
Né en 1873 à Karlsruhe, Adolphe Zilly est décrit dans son état civil comme « Dekorationsmaler » (peintre en décoration), domicilié Quai des Bateliers à Strasbourg.
Outre la maison égyptienne, Adolphe Zilly a réalisé la façade de l’ancienne droguerie de Schiltigheim. Sur ce bâtiment situé 30 rue Principale, Adoplhe Zilly a réalisé de nombreux motifs rappelant la médecine (serpents, plantes…).
Selon les documents de la ville, Adolphe Zilly aurait fait l’acquisition d’un bien immobilier 22 rue Oberlin. Il y aurait installé son atelier de travail et aurait réalisé la fresque de la cage d’escalier.
Adolphe Zilly est décédé à Strasbourg en 1931, à l’âge de 58 ans.
Les rénovations de la maison égyptienne à Strasbourg
C’est Claude Bernhart, peintre et restaurateur originaire de Strasbourg, qui a effectué les rénovations de la façade de la maison égyptienne – notamment de la fresque – en 1995.
Il effectue une seconde intervention en 2010.
Cette même année, l’entreprise Meazza resculpte certains éléments du bâtiment et procède au remplacement de plusieurs pierres de taille.
Sources :