Curiosités dans la rue de la Nuée Bleue
Au cœur de Strasbourg, juste à côté de l’église Saint-Pierre le Jeune, la rue de la Nuée Bleue est une véritable fresque historique. Connue pour accueillir le siège des Dernières Nouvelles d’Alsace, cette artère regorge de pépites, allant de l’architecture du 15e siècle à la sculpture d’après-guerre… Jusqu’au spectacle du coq et de la poule, daté de 1998.
Du numéro 11 au numéro 25 : présentation des curiosités dans l’une des rues les plus emblématiques de Strasbourg.
11 rue de la Nuée Bleue : une adresse historique
De l’empereur Frédéric III au maréchal Léonor du Bourg
Le bâtiment situé au numéro 11 a vu l’Histoire défiler en ses murs ! Les premières sources de la ville mentionnent sa construction au 15e siècle sous la forme d’un hôtel particulier. Il est également fait mention de plusieurs empereurs installés en ces lieux, notamment l’empereur germanique Frédéric III durant l’année 1473.
Au cours des siècles, l’hôtel change de main à plusieurs reprises. Il est un temps détenu par les seigneurs de Landsberg, puis par la famille de Ribeaupierre qui le revend au sinistre comte Ernest de Mansfeld (cet homme de guerre ordonna à ses troupes de piller l’Alsace en 1622, durant la guerre de Trente Ans).
En 1681, le bâtiment est occupé par le maréchal Léonor Marie du Maine du Bourg, dirigeant de la Province d’Alsace. Celui-ci donnera son nom au lieu actuel : l’hôtel Léonor.
Construction des colonnes néoclassiques en 1872
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, puisque le bâtiment est reconstruit une première fois en 1725. Puis la Révolution française le transforme en tribunal de Strasbourg. Un bombardement de la guerre franco-allemande le détruit en grande partie et c’est en 1872 que la façade est reconstruite dans le style néoclassique que l’on connaît aujourd’hui, avec ses majestueuses colonnes inspirées de la Grèce Antique. Les architectes locaux Charles Winkler, Keil et Oppermann sont à l’initiative de cette réalisation (ainsi que d’une annexe à l’arrière du bâtiment).
En 1897, le tribunal déménage quai Finkmatt. Le bâtiment devient le commissariat central de la ville de Strasbourg. Il le restera jusqu’en 2002.
Inhabité durant plusieurs années, l’hôtel particulier bénéficie d’un grand projet de rénovation qui donne naissance à l’hôtel Léonor en 2021. L’établissement de luxe est actuellement ouvert au public. Il offre une architecture intérieure sobre et moderne, tout en laissant transparaître le patrimoine historique du lieu. Aujourd’hui, l’hôtel Léonor est une vitrine de Strasbourg, chez qui vous pouvez poser vos valises ou simplement venir flâner, pour boire un verre ou pour manger.
À savoir si vous vous aventurez dans les lieux : le bâtiment est inscrit aux Monuments historiques depuis 2013. La façade sur cour offre un magnifique décor sculpté rehaussé de trophées, intact depuis 1732 … À observer depuis le salon-bar de l’hôtel.
Au numéro 25 : des vestiges du 16e siècle
Le numéro 25 rue de la Nuée Bleue offre aussi une histoire mouvementée. Au 16e siècle, cette adresse était un groupe de 5 petites maisons dont il ne reste aujourd’hui qu’une tourelle, ainsi qu’une porte datée de 1516. Celle-ci est exceptionnelle, tant par son antériorité que par la présence d’une gravure faisant apparaître le nom de Claus Berer accompagné d’une devise « INANIS APTA », signifiant « Prépare le Néant ».
D’après les sources de la ville de Strasbourg, c’est autour de 1568 qu’un certain Bernard de Botzheim unifie ces différentes constructions pour en faire un hôtel particulier. Vous pouvez admirer le bâtiment aujourd’hui et vous y trouverez les oriels d’époque, de part et d’autre de la façade.
En 1713, l’immeuble devient la propriété du comte Antoine d’Andlau et de son épouse Marie-Anne de Klinglin. Le couple entame des travaux de modernisation donnant lieu à plusieurs réalisations remarquables toujours visibles à l’heure actuelle, telles que l’escalier d’honneur en ferronnerie ouvragée ou encore la façade en grès des Vosges. Conçue par l’architecte Jean-Marie Pfundstein dans un style classiciste, la façade mêle l’architecture à la française à certaines touches issues de la Renaissance germanique, notamment visibles dans les balcons « à l’allemande » ou dans les hautes toitures.
En 1928, le bâtiment devient le siège du Port autonome de Strasbourg. Celui-ci y restera jusqu’en 2020.
Aujourd’hui, plusieurs éléments de cet édifice sont classés aux Monuments historiques. Citons la façade et les toitures que vous pourrez admirer facilement, mais aussi des éléments intérieurs plus difficiles d’accès, comme l’escalier d’honneur, des lambris et cheminées d’époque, ou encore le vestibule d’entrée de style néoclassique.
Le style Art nouveau mis en valeur aux numéros 29 et 31
Puisque nous nous promenons dans la rue de la Nuée Bleue, n’oublions pas de citer les immeubles situés aux numéros 29 et 31. Conçus en 1900 dans un style Art nouveau, ces deux édifices laissent apparaître un oriel aux formes végétales, une porte aux lignes serpentines, ainsi qu’une statue de la vierge Marie posée dans une niche gravée, creusée à même la façade.
Ces réalisations sont inscrites aux titres des Monuments historiques. Elles sont le fruit des architectes de la ville de Strasbourg Berninger et Krafft.
17-21 rue de la nuée Bleue…
… L’adresse des DNA bien sûr !
Nous ne pouvions pas raconter l’histoire de la rue de la Nuée Bleue sans évoquer les numéros 17 à 21 : les bureaux de notre célèbre journal de presse, les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) !
Fondées par Heinrich-Ludwig Kaiser, les DNA publient leur 1er numéro en décembre 1877 sous le nom de Neueste Nachrichten.
Ce n’est qu’en 1891 que l’entreprise s’installe rue de la Nuée Bleue, d’abord au numéro 17, puis au numéro 19 en rachetant l’hôtel particulier de la baronne d’Oberkirch (une figure célèbre de la ville de Strasbourg).
En 1936, le porche est décoré d’un paysage représentant Strasbourg et l’Alsace survolés par des journaux. La peinture est réalisée par l’artiste Luc Hueber.
En 1920 (retour en arrière), une horloge surmontée d’un coq fait son apparition au-dessus de la porte d’entrée…
L’histoire du coq chantant des DNA
C’est un mécanicien travaillant aux ateliers des DNA qui décide de sculpter ce magnifique coq, fier représentant de la France au sortir de la Première Guerre mondiale.
Le gallinacé est installé en 1924 sur l’horloge à trois pans située à l’entrée des DNA. Il est composé de centaines de plumes découpées dans le métal.
Démonté et caché durant l’occupation de l’Allemagne, le coq retrouve sa place sur l’horloge dès 1944.
Et depuis ce jour… Il chante tous les midis. Encore aujourd’hui, au cœur de la rue de la Nuée Bleue, son cocorico retentit 3 fois tandis que sa tête se lève vers le ciel.
… Et la poule lui répond
Et l’attraction n’est pas finie ! Si vous tournez la tête vers le numéro 12 de la rue, vous constaterez qu’en face du coq se tient une poule. Installée dans son nid depuis 1998, celle-ci caquète à tout va pour répondre au coq, tout en dévoilant ses œufs d’or.
Le spectacle (tintamarre) a donc bien lieu tous les midis et ne cesse de ravir les passants, pour la plupart par hasard.
Notez que si l’animation du coq était auparavant actionnée manuellement par un salarié des DNA, le dispositif « coq et poule » est aujourd’hui automatisé.
Une curiosité que nous vous invitons à découvrir de vos propres yeux, dans l’une des rues les plus historiques de notre belle ville de Strasbourg !
Les sources :